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Celui-ci est un être assez éteint, d’imagination modérée, actif à la petite industrie, où il excelle, se souciant fort peu de la forme du gouvernement, pourvu que l’ordre soit maintenu et que la sécurité du lendemain ne soit pas compromise. « Ce n’était pas un Parisien comme moi, dit J.-J. Rousseau ; c’était un vrai Parisien de Paris, un archi-Parisien du bon Dieu, bonhomme comme un Champenois. » Très-bucolique à ses heures, il aime la campagne, où il va le dimanche, et rêve une petite maison avec un jardinet qu’il pourra cultiver lui-même ; c’est à ce goût champêtre que l’on doit cette quantité prodigieuse de chalets suisses, de tourelles moyen âge, de villas italiennes, de maisonnettes Renaissance ou rococo dont les environs de Paris sont enlaidis à quelques lieues à la ronde. Quoiqu’il dépense beaucoup pour « son ventre et ses habits », comme on le lui a souvent reproché, il est volontiers économe lorsqu’il appartient à la mince bourgeoisie ; il sait amasser, et, quand sa femme l’y aide, il est presque certain de parvenir à la richesse. Si la chambre des notaires livrait le secret de ses archives, on pourrait y constater que presque toutes les fortunes des familles parisiennes sont le produit d’une épargne très-sage, très-persistante, et que presque toutes aussi sont représentées par des immeubles, car un autre rêve du Parisien est d’avoir « pignon sur rue » : expression de notre bourgeoisie d’autrefois et qui prouve le genre d’ambition qui l’a toujours animée.

Malgré ces vertus un peu neutres et qui ne le poussent pas aux grandes entreprises, le Parisien ne concourt-il jamais pour une part quelconque aux révolu-

    chi est de Vico, Morey de Chassagne, Pépin de Rémy (Aisne) ; Quenisset, qui tira sur le duc d’Aumale et qui, interrogé sur sa profession, répondit : émeutier, était de Selles (Haute-Saône). On sait à quelle nation appartenaient les assassins qui essayèrent de tuer l’empereur Napoléon III : aucun d’eux n’était Français.