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restait à subir la Commune et à contempler Paris incendié ; quatre-vingts individus, nommés à l’élection, firent partie de cette assemblée à la fois grotesque et féroce qui, pendant deux mois, se démena dans l’Hôtel de Ville. Ils disaient, ceux-là, qu’ils étaient l’âme de Paris, de « la ville sainte » ; ils voulaient en faire la ville libre par excellence, ayant son gouvernement propre, ses institutions spéciales, concluant des traités d’alliance avec les peuples, possédant son armée, ses finances, et ne relevant plus que d’elle-même ; avec quel mépris ne parlaient-ils pas de la représentation nationale que la France meurtrie avait élue à travers son désespoir et sa détresse ; ils la surnommaient superbement « la Chambre des ruraux ». — Ruraux vous-mêmes ! car, sur quatre-vingts que vous étiez, soixante-six avaient été vomis par leurs provinces. Le journaliste qui a eu la singulière impudeur d’exhumer le Père Duchêne nous était venu de Lille, et celui qui, préparant froidement l’incendie de Paris, écrivait, le 16 mai 1871, dans le Cri du Peuple : « Si M. Thiers est chimiste, il nous comprendra, » est un citoyen de la Haute-Loire.

Ce sont là les chefs, dira-t-on, mais l’armée de désordre et d’ivresse, les simples soldats que ces gens abusaient et commandaient, étaient des Parisiens. Non ! Lorsque l’on discuta au Corps législatif la loi du 9 juillet 1852, qui permet l’expulsion des vagabonds étrangers à Paris, il fut prouvé par des chiffres dont le Moniteur a gardé trace, que, pendant les journées de juin 1848, l’élément inclusivement parisien n’avait figuré que dans la très-minime proportion de 5 pour 100. L’Enquête sur l’insurrection du 18 mars donne un détail extrêmement précieux à l’égard de la coopération des Parisiens aux œuvres de la Commune. M. Macé, commissaire de police, qui jusqu’au 20 mai fut chargé des interrogatoires à la grande prévôté de Versailles,