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municipale, on installe à l’Hôtel de Ville un gouvernement très-réel ; pas un des personnages qui le composent n’est né à Paris : ni Casimir Périer, ni le général Lobau, ni le baron Schonen, ni Audry (de Puyraveau), ni Mauguin, ni Laffitte, ni Lafayette ; pas même le secrétaire Odilon Barrot, qui est né à Villeport, dans la Lozère.

La royauté de Juillet devait aussi, après un règne de dix-huit ans, disparaître comme celle qu’elle avait remplacée. Aussitôt que la surprise de février eut tourné en révolution, un gouvernement provisoire de onze membres se nomme lui-même ; on y trouve deux Parisiens, Ledru-Rollin et Flocon. Dès que l’Assemblée nationale est réunie, le peuple cherche naturellement à briser l’expression de sa propre volonté, et la souveraineté populaire essaye de s’affirmer en violant la représentation du suffrage universel ; deux hommes ont conduit et préparé le mouvement : c’est Blanqui, un monomane né à Nice ; c’est Raspail, un vieux fou né à Carpentras ; un troisième s’associe à la manifestation, s’en empare et en devient le chef : c’est Barbès, un créole de la Guadeloupe ; l’homme qui du haut de la tribune prononça la dissolution de l’Assemblée était un corroyeur alsacien nommé Huber.

En 1870, comme en 1789, l’interruption des grands travaux de voirie et de construction a laissé sur le pavé une quantité considérable d’ouvriers sans ouvrage et venus de la province. C’est une armée dont la subversion saura profiter. La guerre éclate, la France est ouverte ; en prêtant l’oreille on entend l’invasion qui s’approche ; Paris s’affole ; il applique l’homéopathie à la politique ; il a le choléra, il se donne la peste, fait une révolution, déchire les actes du suffrage universel, assume sur sa tête la terrible responsabilité de sauver le pays, se saisit de la souveraineté et la délègue à un gouvernement dit