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l’octroi l’affirment contre les déclamations peu désintéressées des mécontents. Les bureaux de bienfaisance soignent les indigents à domicile ; de vastes hôpitaux, où les meilleurs médecins tiennent à honneur de faire le service, reçoivent et guérissent les malades dans des conditions et dans des proportions que le bon vieux temps n’a jamais connues. Les asiles, les hospices sont multipliés, la santé publique profite de toutes ces améliorations et s’affermit ; c’est à la fortune de tous que l’on emprunte les ressources d’où s’écoulent tant de bienfaits ; sans notre richesse accrue par le souci des intérêts matériels », est-ce que la préfecture de la Seine aurait pu consacrer 30 000 000 a l’enseignement primaire de Paris ?

Jamais on n’a moins assassiné, moins volé que maintenant ; les crimes commis au milieu d’une population de deux millions d’individus sont dix fois moins nombreux qu’à l’époque où Paris ne comptait pas plus de six cent mille habitants. L’état moral de la population s’est-il donc amélioré d’une façon très-sérieuse ? Je voudrais pouvoir l’affirmer, mais l’aménagement même de la ville est une sorte d’obstacle aux méfaits des gens de mauvais aloi qui pullulent parmi nous. La clarté du gaz, substitué aux lanternes, aux réverbères dont La Reynie et Sartines étaient si fiers, les énormes voies de communication qui ont remplacé les ruelles ténébreuses, propices aux embuscades, où nos pères marchaient à tâtons, ont fait pour la sécurité urbaine plus que tous les sermons des moralistes. La très-habile distribution des quatre-vingt-un postes de police, d’où six mille gardiens de la paix partent sans cesse en patrouilles rassurantes, offre des garanties autrement sérieuses que les promenades illusoires des soldats du guet suivis d’un commissaire en voiture. Trente-cinq mille arrestations opérées en moyenne, chaque année, par les