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La marchandise d’eau, comme disaient nos pères au temps où Lutèce commençait à devenir Paris, jouit, pour les bois et les charbons, d’un privilège que n’ont point les articles passant aux barrières, et qui sont considérés comme objets de consommation ou d’utilisation immédiate. On admet que les bois et les charbons ne doivent acquitter les droits dont ils sont frappés qu’au bout d’un temps moyen calculé de façon que la vente soit effectuée. Les opérations de contrôle ne diffèrent pas de celles dont j’ai parlé ; seulement, au lieu de payer à la recette la somme qui est due, le négociant prend livraison de la marchandise en échange d’un billet à ordre, à six mois, portant deux avals de garantie. Pendant les six mois stipulés, le billet dort dans les caisses de l’octroi, qui fait directement toucher à l’échéance. La rivière et son affluent, le canal Saint-Martin, entrent pour une part imposante dans les revenus de la ville ; en 1872, elle lui a rapporté 8 775 587 francs ; à sa façon, la Seine est un Pactole.

Le marché aux bestiaux de La Villette[1], qui a définitivement pris la place des marchés de Sceaux et de Poissy, n’exige qu’une surveillance attentive, car depuis le 1er janvier 1847 le droit fixe par tête de bétail a été converti en une taxe sur la viande provenant des animaux qui sortent des abattoirs. Si l’on n’y fait point d’opérations directes, on n’en est pas moins fort occupé, car il faut compter les longs troupeaux destinés à notre nourriture, et qu’on force à défiler lentement par les méandres d’un chemin serti de barrières en bois. Le beuglement des bœufs, le bêlement des moutons, le grognement suraigu des porcs, les abois des chiens de berger, font un charivari d’enfer, et les pauvres employés ont souvent bien de la peine à ne point perdre le

  1. Voir chap. vii, t. II.