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tution plus forte que lui ; il faut qu’elle se hâte d’élever la nation à cette hauteur. » Les efforts ont été vains, les tentalives sont demeurées stériles ; entraîné par le poids de ses mœurs, Paris est toujours retombé à ce niveau d’insouciance où il se complaît.

Malgré cette faiblesse congénitale qui si souvent l’a fait osciller et a ralenti l’essor de sa fortune, Paris est orgueilleux ; il est fier de ses richesses, de ses élégances et de ce bruissement d’idées qui plane au-dessus de lui. Comment en serait-il autrement ? Nulle ville n’a été plus adulée, et il n’y a qu’à écouter ce que les étrangers en disent pour excuser ce qu’elle pense d’elle-même. En 1814, lorsque l’invasion, guidée par tous les souverains de l’Europe, vint camper sur nos places publiques, quel langage tint-elle à la ville vaincue ? « C’est à la ville de Paris qu’il appartient, dans les circonstances actuelles, d’accélérer la paix du monde. Son vœu est attendu avec l’intérêt que doit inspirer un si immense résultat ; qu’elle se prononce, et dès ce moment l’armée qui est sous ses murs devient le soutien de ses décisions. » C’est le commandant en chef des armées alliées qui parle ainsi, et qui, vainqueur, maître d’imposer ses volontés, prend Paris pour arbitre et sollicite de lui « la paix du monde ». On serai orgueilleux à moins.

Les généralissimes-diplomates n’ont pas été seuls à s’incliner devant son prestige : « Imaginez-vous une ville où les meilleures têtes d’un grand empire sont rassemblées dans un même espace, et, par des relations, des luttes, par l’émulation de chaque jour, s instruisent et s’élèvent mutuellement ; où ce que tous les règnes de la nature, ce que l’art, dans toutes les parties de la terre, peuvent offrir de plus remarquable est accessible à l’étude ; imaginez-vous cette ville universelle où chaque pas sur un pont, sur une place, rappelle un grand passé, où à chaque coin de rue s’est déroulé un fragment