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1 193 ecclésiastiques qui fonctionnent dans les églises de Paris ; ils sont tenus par une sévère discipline et savent, au besoin, se perdre dans la foule. Un prêtre qui aujourd’hui s’afficherait à l’Opéra, comme ce fut la mode au siècle dernier, serait hué par les spectateurs, interdit par son évêque et envoyé en retraite dans quelque couvent de province.

L’esprit public est très-éveillé, et s’il plaisante des vœux imposés aux ministres de Dieu, il exige que ceux-ci les respectent, contradiction qui n’a rien de surprenant chez un peuple à la fois sceptique et superstitieux. Il est intraitable sur un point : il ne veut pas que le clergé possède et il crie à la captation dès qu’il entend parler d’une donation faite aux églises ou aux couvents. À cet égard, toute précaution est prise ; l’exemple du passé n’a pas été perdu, et si une nouvelle confiscation venait à se produire, elle n’aurait à s’exercer que sur bien peu de propriétés immobilières ; ce que l’on possède peut être facilement déplacé, car une partie de la fortune maritime de la France appartient aux congrégations religieuses.

Malgré la Révolution et le nivellement de nos mœurs, le clergé à une tendance invincible à se considérer comme un ordre à part dans l’État, — major homine, minor Deo, — et, sous prétexte qu’il doit jouir d’une indépendance sans contrôle, qu’il puise les inspirations de sa pensée aux sources divines, il a parfois causé de cruels embarras aux gouvernements ; des puissances étrangères très-susceptibles ont failli répondre par des coups de fusil aux objurgations de certains mandements épiscopaux. C’est là un malheur auquel on ne peut remédier, car la loi est désarmée ; l’appel comme d’abus devant le conseil d’État est une vaine formalité qui profite à celui qu’elle atteint. L’Église est femme ; elle ne tient absolument compte que de son intérêt,