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ter ? Expliquer certains événements dont les causes physiques et morales sont nettement déterminées, en faisant intervenir une volonté providentielle irritée, c’est aller plus loin qu’il ne convient. Lorsque l’on apprit à Paris, en 1525, que François Ier avait été fait prisonnier à Pavie, on prêcha que Dieu était courroucé contre la France, à cause de « la diversité des habillements ». Nous sourions lorsque l’histoire nous fait de telles révélations et peut-être ne réfléchissons-nous pas que les mandements des évêques sont aujourd’hui remplis d’appréciations analogues. Ne nous a-t-on pas appris de la sorte que l’invasion des sauterelles en Algérie, que les inondations du Rhône avaient pour but de châtier les francs-maçons. Ces exagérations, que rien ne justifie, qui font hausser les épaules au plus mince bachelier, ont ébranlé bien des croyances ; mieux que les prédications matérialistes les plus accentuées, elles ont fait entrer le doute dans des âmes soumises et les ont entraînées sinon à la révolte, du moins vers l’indifférence.

Le rôle politique, agressif et hautain que plusieurs membres du haut clergé ont essayé de jouer en tant de circonstances, n’a pas été non plus au profit d’une religion dont le Dieu a dit : « Mon royaume n’est pas de ce monde. » Dans nos révolutions, l’attitude du clergé a-t-elle toujours été irréprochable ? Sous la Ligue, il mène ce mouvement sans pitié, et l’assassin de Henri III est un moine ; pendant la Fronde, par le coadjuteur et par les curés de Paris, il se mêle à toutes les émeutes ; au 14 juillet 1789, qui donc marche à la tête du peuple et le guide sur le chemin de l’hôtel des Invalides, où l’on doit enlever une réserve de 25 000 fusils ? C’est le curé de Saint-Étienne-du-Mont. Après la Révolution de 1848, le clergé bénit et rebénit les arbres de la liberté. La prêtrise est métier ou mission, selon l’homme qui l’exerce ; saint Vincent de Paul fut un prêtre, le cardi-