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trateurs municipaux du 8e arrondissement furent les premiers à y chercher remède, et ils proposèrent, le 16 ventôse an V, le numérotage actuel, qui dut attendre la proposition de Frochot, l’approbation du Conseil d’État et l’autorisation de Napoléon Ier, pour triompher enfin de tous les obstacles et s’imposer aux habitudes.

L’histoire de la voie publique n’est plus à faire ; sans compter nos prédécesseurs qui en ont parlé en maîtres, les rues de Paris ont eu de nos jours des historiens remarquables : Félix et Louis Lazare en ont rassemblé les origines, Victor Fournel a raconté ce que l’on y voit, Édouard Fournier en a expliqué les énigmes. Il est superflu de répéter ce que d’autres ont si bien dit. Mais on peut du moins exprimer le désir qu’une nomenclature définitive, prise en dehors de tout souvenir, de toute préoccupation politique, soit adoptée et mette un terme à ces changements perpétuels, irritants, inutiles, qui sont une cause permanente d’erreurs. Que l’on ait modifié certaines désignations dont l’esprit rabelaisien de nos pères n’était point choqué, que les rues que l’on sait soient devenues la rue du Pélican, la rue Transnonain, la rue Marie-Stuart, rien de mieux ; mais que la rue de l’Oratoire-du-Roule soit successivement la rue Billault, la rue Jules Favre, la rue Garibaldi, pour redevenir la rue Billault, cela est absurde. Les négociants s’en plaignent avec raison ; tous les commerçants sont obligés de faire imprimer à nouveau leur adresse, leurs factures, leurs têtes de lettres, lorsque la rue qu’ils habitent perd son nom pour en prendre un autre. Ces baptêmes-là coûtent fort cher aux intéressés. La rue Réaumur a fait dépenser plus de 200 000 francs à des locataires de magasins, lorsqu’elle a été convertie en rue du Quatre-Septembre.

Il y a dans notre histoire assez de noms illustres pour