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notre histoire, avant cent ans, ne pourra plus fournir une preuve authentique.

Deux bibliothèques distinctes sont nécessaires à la Ville, et jamais, sous nul prétexte, on ne doit les réunir ; l’une, purement administrative, composée de toutes les pièces imprimées publiées par les administrations elles-mêmes, généralement ignorées du public, mais fort recherchées des employés, auxquels elles sont indispensables ; cette bibliothèque, — bibliothèque bureaucratique, — doit être placée dans les bâtiments de la Préfecture de la Seine, à la portée immédiate des fonctionnaires qui en ont besoin ; l’autre, la bibliothèque savante, racontant nos origines, nos légendes, toutes les histoires particulières dont est formé l’ensemble de notre histoire urbaine, est bien où elle est. L’hôtel que Ligneris fit bâtir sur les dessins de Pierre Lescot, que Jean Goujon décora, que Kernevenoy baptisa, qu’habita madame de Sévigné, où siégèrent successivement la Direction de la librairie et l’École des ponts et chaussées, l’hôtel Carnavalet est le logis qu’elle ne doit jamais quitter ; elle y est parfaitement organisée, dans des pièces de dimension suffisante, bien éclairées, bien chauffées et très-hospitalières ; mais on devra songer, dès à présent, à lui faire les coudées plus franches ; elle est déjà trop resserrée ; si on ne lui permet de s’étendre, elle avortera, comme les fruits d’espalier saisis entre la branche et le mur et qui jamais n’arrivent à développement parfait.

Comment se peut-il que, dans un hôtel assez vaste et spécialement aménagé, la place fasse défaut au bout de quelques mois ? Parce que dans le même local on a recueilli un musée et que ce musée a pris la part du lion, c’est-à-dire le rez-de-chaussée, la moitié du premier étage et une partie des combles ; la bibliothèque de Paris en est réduite à un demi-étage, où elle va étouffer