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tout ce que l’on pouvait dire, — et ce que l’on dit contre l’octroi on peut le dire contre n’importe quel impôt, mais, lorsqu’il s’est agi d’indiquer comment on remplacerait cette source de la fortune municipale, nulle solution rationnelle n’a été proposée. Les plus hardis ont parlé d’un impôt sur le revenu, sans voir que l’octroi n’est pas autre chose, puisque chacun paye en raison directe de sa propre consommation, c’est-à-dire de la dépense que sa situation personnelle lui permet de faire. C’est là, au contraire, ce qui rend cet impôt excellent, car il est acquitté le plus ordinairement par l’achat même de la denrée. Il est désagréable et ennuyeux, on doit l’avouer, lorsqu’il contraint un voiturier à faire halte aux barrières, un bateau à s’arrêter pour attendre le canot de la patache, lorsqu’il ouvre les voitures et fait perdre le temps qu’il met à libeller ses papiers ; mais il compense ces inconvénients par tant d’avantages, qu’il serait puéril d’y trop insister.

La marche ascendante du produit de l’octroi ne s’est pas arrêtée depuis la création de cette taxe : c’est ici qu’on peut dire : Vires acquirit eundo. Au début du Consulat, ce produit atteint près de 11 millions, et dès 1805 il dépasse 20 millions ; il ne s’éloigne guère de ce chiffre pendant tout l’Empire, retombe à 18 en 1815, après nos désastres, se relève à 20 en 1816, et s’abaisse de nouveau à 18 en 1817. Cette fois, la politique et la guerre n’y sont pour rien ; la récolte avait fait défaut en France, et la disette fut telle à Paris, que la ville fut obligée de contracter un emprunt de 33 millions, le 16 mai, pour porter secours aux nécessiteux. L’accroissement s’accentue pendant la Restauration, dépasse 30 millions en 1825 et en 1826, et tombe tout à coup à moins de 20 en 1831, à cause de la révolution de Juillet.

Il faut reconnaître que les bouleversements violents