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lettres patentes du 26 juin 1669, et où les « gentilshommes et demoiselles peuvent chanter et représenter sans déroger », s’appelle aujourd’hui l’Académie nationale de musique ; il a donc pour mission de soutenir et de développer la musique française. Il n’a pas failli à cette tâche, et, pour la mener à bonne fin, il a employé un moyen fort ingénieux. Au lieu de rechercher principalement les œuvres de nos compositeurs, ce qui eût été d’une simplicité un peu bourgeoise, il a préféré montrer à ceux-ci comment il fallait s’y prendre pour avoir du succès, et il a déployé toutes ses richesses au profit de Mozart, de Weber, de Meyerbeer, de Rossini, de Donizetti, de Verdi ; il a mis ses meilleures danseuses au service de MM. Pugni et Gabrielli, large hospitalité qui n’épuise cependant pas toutes ses ressources, car il lui en reste assez pour offrir des places de chefs de chœurs à ceux de nos compatriotes qui ont fait preuve de talent et que l’Institut s’honore de posséder dans son sein.

Le théâtre, tel que nous le voyons fonctionner, s’est créé lentement ; les découvertes de la science, de l’industrie, de la mécanique ont été utilisées pour le plus grand plaisir des yeux ; certains effets produits sur la scène sont bien réellement féeriques. Ce sont là des améliorations matérielles que le temps ne fera que rendre plus considérables encore ; mais d’autres progrès ne lui ont point manqué, et l’on peut être surpris qu’ils aient attendu tant de siècles pour se manifester.

À voir une représentation de l’Opéra, à regarder les groupes de danseuses tourbillonner dans la lumière, qui se douterait que l’introduction de l’élément féminin dans les ballets est relativement moderne et date du 16 mai 1681 ? Auparavant, c’étaient des hommes vêtus en femmes qui remplissaient les rôles où nos danseuses excellent aujourd’hui, et le Triomphe de l’Amour fit une