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tent, beaucoup sans doute par respect pour les morts qu’ils regrettent, et un peu aussi, avouons-le, par vanité. Écoutez les curieux qui regardent passer un corbillard drapé, empanaché de plumes d’autruche, traîné par quatre chevaux caparaçonnés, tenus aux mains de valets de pied, suivi par des maîtres de cérémonies qui portent « les honneurs » sur des coussins de velours ; que disent-ils ? « C’est un bel enterrement ! » Il est permis aux riches d’étonner les foules, de faire brûler des lampadaires à alcool sous la nef des églises, et d’avoir des cercueils capitonnés de satin blanc ; ce n’est qu’une affaire d’argent. Tout se paye, jusqu’à la rosette en crêpe que l’on peut attacher au fouet du cocher ; mais, ce qu’il faut considérer, c’est que le pauvre ne paye rien.

La dernière adjudication pour l’entreprise des pompes funèbres a eu lieu le 1er janvier 1860. Par le cahier des charges, le service est divisé en neuf classes : la première coûte 7 184 francs, et la neuvième 18 fr. 75 cent. ; entre ces deux extrêmes, il n’est si grosse vanité ou si mince situation qui ne trouve ce qui lui convient. Mais si l’on permet à l’entreprise de faire des bénéfices excessifs, c’est à des conditions qu’il est bon de faire connaître : la Ville, en vertu de ce contrat, paye à l’entrepreneur cinq francs par corps inhumé dans les cimetières de Paris ; de ce seul chef, l’administration des pompes funèbres a touché en 1875 la somme de 217 990 francs, représentant 43 578 inhumations ; mais l’entrepreneur doit faire remise, aux représentants des cultes reconnus, de 56 pour 100 sur toute somme encaissée par lui ; or, pour 1873, cette remise équivaut à 1 709 350 fr. 38 c., dont 1 620 715 fr. 23 c. ont été versés au seul culte catholique. En outre, les pompes funèbres sont tenues de faire gratuitement le convoi de tout individu indigent, dont la famille ou la succession