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Le bon résultat des gestations doit être souvent compromis, car les registres ont eu à tenir compte de 4 443 enfants mort-nés. Dans cette ville où toutes les déceptions succèdent à toutes les espérances, les âmes sont bien trempées et résistent avant de sombrer tout à fait. Je ne compte que 577 suicides, ce qui est bien peu lorsque l’on réfléchit au nombre d’aliénés qui se promènent dans nos rues, et à la quantité prodigieuse de projets avortés que chaque heure du jour anéantit ; à voir que l’on n’a constaté que dix décès par suite de meurtre dans tout le cours d’une année, on croirait volontiers que notre population est un modèle de douceur ; on ne se tromperait guère : lorsqu’elle n’est pas grisée par de la rhétorique et du vin sophistiqués, elle est de composition fort débonnaire ; les voleurs et les filous pullulent à Paris, mais les assassins y sont rares.

Les deux époques favorites de la mortalité, à Paris et ailleurs, c’est le printemps et l’automne ; à ce moment de l’année où la nature tressaille, la mort semble s’éveiller chez certains malades, tandis que la vie s’endort chez certains autres lorsque la création se prépare au repos de l’hivernage ; les mois de mars et d’avril, de septembre et d’octobre dépassent quelque peu les autres moyennes mensuelles ; juin, au contraire, le mois de la lumière, de la chaleur et des longs jours, apporte avec lui des effluves d’existence qui diminuent les chances mauvaises et rendent les décès moins nombreux. Les premières années de la vie sont dures à passer : de un à trois ans la proportion est considérable, 3 735 décès ; lorsqu’on a franchi heureusement les premières années de l’adolescence et de la jeunesse, il faut doubler un âge assez difficile, qui va de vingt-huit à trente-deux ans ; jusqu’à cinquante-trois ans la moyenne varie entre 318 et 470, puis elle s’abaisse progressivement ; les extinctions se font petit à petit, mais d’une façon invin-