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point abandonner leur ville assiégée ; sans réfléchir que la seule obligation de pourvoir à leur subsistance créait une difficulté considérable et abrégeait le temps possible de la résistance, ils ont voulu souffrir avec ceux qu’ils aimaient, ne point avoir l’air de déserter à l’heure du péril ; peut-être avaient-ils rêvé quelque grande tentative héroïque qui nous délivrerait ; quoi qu’il en soit du mobile spécial qui les a déterminés, ils sont restés, et ont en partie succombé aux misères qui les ont accablés. Si jamais la destinée sévère inflige encore à Paris la nécessité de se défendre contre une armée assiégeante, il faudra avoir le courage de ne garder que le nombre d’hommes nécessaire, de faire sortir de nos murs les femmes, les vieillards, les enfants et de devenir réellement place de guerre ; ce sera le seul moyen de neutraliser les chances de mortalité et d’être libre de prolonger la lutte à outrance.

En reprenant les conditions de vie auxquelles il est accoutumé, Paris a fait retour vers sa mortalité ordinaire : nous avons donné le chiffre de 1872, année favorable qui n’a vu ni guerre, ni insurrection, ni épidémie. Les décès se répartissent dans des proportions presque mathématiques, selon la population de nos vingt arrondissements ; les plus peuplés sont naturellement les plus éprouvés, et ce sont ceux aussi dans lesquels les lois de l’hygiène sont le moins observées. À Paris, en effet, dans cette ville qui parait immense au premier coup d’œil, ce qui manque c’est l’espace ; jamais fourmilière ne vit agglomération pareille ; le kilomètre carré, villes et campagnes, qui en France ne renferme que 70 habitants, en contient, — en comprime, — 23 400 à Paris ; c’est là une moyenne obtenue par le rapport qui existe entre la population et la superficie ; mais dans certains arrondissements cette moyenne est singulièrement renversée : le IIe (la Bourse)