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rive droite à la rive gauche. En effet, dans bien des circonstances, sinon presque toujours, il y aura un « trop-plein », et c’est à la Seine qu’on le rendra, mais sans péril d’aucune sorte, car l’eau qu’on sera forcé de verser à la rivière sera revenue à l’état de limpidité première. Bien souvent, et par toute sorte de procédés, on a essayé de clarifier les eaux d’égout, et on n’y était jamais parvenu d’une façon satisfaisante. Ce problème, si important pour la salubrité des grandes villes, est résolu aujourd’hui grâce aux travaux de M. Le Châtelier et de M. Léon Durand-Claye, qui ont trouvé le moyen de précipiter toutes les matières que les eaux souillées tiennent en suspension. C’est une sorte de collage ; on clarifie maintenant un égout aussi facilement et plus rapidement qu’on ne clarifie une pièce de vin. Du sulfate d’alumine étendu d’eau suffit. Un litre de ce mélange coulant goutte à goutte sur deux mille litres d’immondices liquides entraine au fond toutes les parties solides.

Les bassins de clarification sont instructifs à examiner. Ils sont remplis d’une eau limpide ; si on la laisse écouler, elle découvre un lit de vase grisâtre, compacte, homogène, qu’on enlève à la pelle, qu’on réunit en tas, et qui forme un terreau de première qualité[1]. Les paysans savent si bien aujourd’hui en apprécier la valeur, qu’un jardinier de Montreuil est venu s’établir aux Grésillons, a fait construire des murs à espaliers et y cultive des pêchers qui doivent à ce nouvel engrais une croissance anormale. L’eau ainsi traitée est claire et absolument inodore, — résultat d’autant plus remarquable qu’on a scientifiquement étudié les différents éléments qui la composent et que ceux-ci sont infects.

  1. On donne ce terreau aux paysans, qui n’ont que la peine de venir le chercher. Croirait-on que quelques-uns en font commerce et vendent assez cher cet engrais qu’ils reçoivent gratuitement !