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minutes après, la côtelette est cuite, et il y a de l’eau bouillante pour les œufs à la coque et pour le thé.

Nous n’en sommes pas encore là ; mais cela viendra, car les abonnements particuliers augmentent singulièrement ; ils étaient au 1er janvier 1873 de 94 774[1]. Presque toutes les maisons neuves ont le gaz aujourd’hui ; il brûle dans les cours intérieures et dans l’escalier, il n’a pas encore le droit de cité dans les appartements ; on l’admet dans l’antichambre, quelquefois même dans la salle à manger, mais on ne le reçoit pas dans le salon. Pourquoi ? Il fane les tentures. C’est le seul motif qu’on ait pu me donner, et ce motif n’a aucune valeur : je connais un homme hardi qui n’est éclairé qu’au gaz, et ses rideaux ne s’en portent pas plus mal.

Le gaz fut notre auxiliaire pendant la guerre ; lorsque Paris subissait le blocus des armées allemandes, ce fut lui qui nous permit de parler à la province. Si nous n’apprîmes rien des événements extérieurs, au moins nous fut-il possible de raconter ce qui se passait ici. Ce fut la Compagnie parisienne qui fournit la quantité de gaz hydrogène nécessaire pour gonfler ces ballons courageux où l’on mit parfois tant et de si poignantes espérances, que les événements ont déçues. L’histoire expliquera sans doute par suite de quelles circonstances particulières on ne put profiter de ce moyen de communication pour combiner une action commune destinée à faire un effort d’ensemble qui pût offrir au moins quelques chances de succès.

L’usine de La Villette, où j’ai conduit le lecteur, se signala par une activité pleine de dévouement. « Quand

  1. Au 31 décembre 1873 il existait à Paris 87 688 compteurs, dont 1 494 pour les établissements municipaux et militaires, et 86 194 pour les particuliers ; les premiers répondaient à 50 790 becs de gaz et les seconds à 763 701. La consommation des théâtres pour la même année a été de 2 400 000 mètres cubes.