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meulières, uniformément tapissés d’une nuance sombre empruntée à la suie et à la houille, tout cela a l’air en deuil, et c’est fort laid.

L’usine est très-complète ; elle a de vastes ateliers où elle construit les appareils en fer dont elle a besoin, une briqueterie où elle fait ses cornues, une distillerie où elle utilise les eaux ammoniacales et une goudronnerie où elle fabrique le brai. Le chemin de fer de ceinture traverse l’établissement et lui permet d’expédier directement ses produits dans toute la France, tandis qu’un embranchement spécial du chemin de fer du Nord lui apporte les charbons d’Angleterre et de Belgique. Dans l’ensemble de toutes ces industries, de toutes ces forces concourant au même but, il y a une grandeur imposante et pratique dont il est difficile de ne pas être frappé. Paris ne se doute guère de la somme d’efforts, du nombre d’hommes, de la quantité de trains de wagons, de la longueur des galeries de mines qu’il faut pour que chaque soir, lorsqu’il se promène sur ses boulevards, il puisse s’arrêter et lire son journal à la clarté d’un bec de gaz. — « Qu’est ce que tu as le plus admiré à Paris ? » demandais-je à un Arabe d’Oumkaled-em-Moukalid que j’avais piloté. Il me répondit : « Les étoiles que vous mettez la nuit dans des lanternes. »

Pour obtenir du gaz hydrogène carboné propre à la combustion et fournissant une belle lumière, il est indispensable de distiller la houille en vase clos. Après s’être procuré les charbons de terre dont elle a besoin, la compagnie fabrique les vases clos qui lui sont nécessaires : ce sont des cornues ; elles ne rappellent en rien les ballons de verre terminés par un tube horizontal qui portent ce nom et dont on fait usage dans les laboratoires de chimie. La cornue où doit brûler la houille est énorme ; si l’on y ouvrait une porte, elle servirait facilement de guérite à un soldat : debout elle mesure ordi-