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substituer presque partout l’usage des lampes à celui des chandelles et des bougies, n’atteignirent point les réverbères ; ceux-ci, fumeux et peu éclairants, étaient toujours alimentés par l’ancien système. On en avait successivement augmenté le nombre : ils étaient à une ou plusieurs mèches. En 1817, on en compte 4 645, renfermant 10 941 becs ; en 1820, 13 340 becs sont contenus dans 5 035 lanternes. Le 17 février 1821, on fit, place du Louvre, l’essai d’un nouvel éclairage inventé par un ferblantier-lampiste nommé Vivien ; c’était simplement l’application du courant d’air d’Argand aux tubes qui portaient la mèche allumée. Tous les réverbères de Paris furent renouvelés sur un modèle uniforme. Ce sont ceux-là qui ont duré jusqu’à la vulgarisation de l’éclairage au gaz ; nous les avons connus, et sans grand-peine nous en pourrions voir encore, car il s’en faut qu’ils aient tous disparu. Ils se balançaient au-dessus des ruisseaux, qui alors coulaient au milieu des voies publiques. Des hommes embrigadés par la préfecture de police, à laquelle le service d’éclairage de Paris appartint jusqu’au décret du 10 octobre 1859, qui le fit passer dans les attributions de la préfecture de la Seine, et qu’on nommait les allumeurs, étaient exclusivement chargés des soins à donner aux réverbères. Protégés par une serpillière qui garantissait leurs vêtements contre les taches d’huile, coiffés d’un chapeau très-plat sur lequel ils portaient une vaste boîte de zinc contenant leurs ustensiles indispensables, ils ouvraient chaque matin la serrure qui fermait le tube de fer où glissait la corde de suspension. Le réverbère descendait avec un bruit désagréable et arrivait à hauteur d’homme. On le nettoyait alors, on récurait la plaque des réflecteurs, on essuyait les verres, on coupait la mèche, et dans le récipient on versait la ration d’huile de navette ou de colza ; puis chaque soir, à la tombée