Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à choisir ; ce fut la prévôté des marchands qui le détermina : elle désigna Chaillot,

La pompe à feu y existe encore, mais elle n’a plus rien de commun avec la machine que les Périer y avaient établie et qui donna de l’eau pour la première fois dans Paris au faubourg Saint-Honoré en juillet 1782[1]. Mercier en parle ; il admire et s’étonne : « La simple vapeur d’eau en ébullition est l’agent du mouvement prodigieux que nulle autre force connue ne pourrait produire ; elle élève l’eau à 110 pieds au-dessus des basses eaux de la Seine, et fait monter en vingt-quatre heures 400 000 pieds cubes d’eau, pesant 28 800 000 livres. Ainsi voilà de quoi abreuver, laver et inonder à souhait tous les quartiers de la ville. » Malheureusement l’affaire était avant tout financière ; les actions devinrent l’objet d’un agiotage effréné ; les joueurs à la hausse et à la baisse se souciaient fort peu des besoins de la population qu’on laissait en souffrance. Cela fit grand bruit en son temps : Mirabeau, payé par Calonne, attaquait la compagnie concessionnaire, Beaumarchais la défendait, et le public fort lésé disait tout haut que cette fameuse pompe à feu n’était en réalité qu’une machine à pamphlets. On revint à l’idée de détourner l’Yvette par un canal ; le 3 novembre 1787, un ingénieur nommé de Fer fut autorisé à exécuter les travaux à ses frais ; il lui fallait de l’argent, il en chercha : mais avant qu’il en eût trouvé, la Révolution était survenue et avait mis tous ses projets à néant. À la veille du jour où le vieil état de choses allait s’écrouler, la compagnie des pompes à feu s’écroulait aussi et était obligée de céder son privilège à la ville de Paris par contrat du 14 avril 1788.

Jusqu’à la fin du siècle, on ne tenta rien ; l’esprit était

  1. On construisit en même temps une pompe à feu au Gros-Caillou, sur une partie de l’emplacement occupé par la Manufacture des tabacs ; j’en ai dit quelques mots lorsque j’ai parlé de celle-ci.