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Le traitement des professeurs. — Publications étrangères. — Acquit de conscience. — Le but qu’on doit poursuivre.


Le but de l’institution n’est pas seulement de donner une instruction théorique à ces infirmes. C’est déjà beaucoup, en leur montrant à lire et à écrire, de leur fournir un moyen de communication générale, mais ce n’est pas assez, et l’on s’efforce de leur apprendre un bon état, qui plus tard sera leur gagne-pain. Après quatre ans de classe, lorsque l’enfant commence à sortir de sa gangue, on l’étudie au point de vue de ses aptitudes, on l’interroge sur la carrière qu’il veut embrasser, on consulte sa famille, et on le fait entrer dans un atelier, de façon à partager son temps entre l’apprentissage et la continuation des études.

L’hésitation ne doit pas être longue, car le choix est singulièrement limité et ne peut s’exercer que sur sept métiers différents : jardinier, cordonnier, menuisier, lithographe, tourneur, relieur et sculpteur sur bois. Les trois premières professions sont généralement réservées aux sourds-muets destinés à vivre à la campagne ; les quatre dernières sont gardées au contraire pour ceux qui habiteront Paris ou une grande ville. Je suis surpris qu’on n’ait pas essayé de leur donner un enseignement professionnel plus étendu ; tous les états où l’adresse et l’attention suffisent peuvent leur convenir. Il y a des métiers, celui de vannier par exemple, où l’outillage ne coûte rien, et qui rapportent un salaire acceptable ; ils pourraient devenir sans peine de bons ouvriers tailleurs, ébénistes, dessinateurs de broderie, forgerons, cloutiers, et voir s’ouvrir ainsi devant eux un avenir plus large et meilleur[1].

  1. On peut en faire aussi, pour peu qu’ils aient quelque aptitude, des professeurs de calligraphie et des employés copistes ; plusieurs ont été utilisés, sous ce dernier rapport, à l’administration des postes et y ont laissé de bons souvenirs.