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sur la conservation du blé, on a construit cinq immenses silos en pièces de fer boulonnées, dans lesquelles on a fait le vide, et que deux fois par an on charge d’azote. Ils renferment chacun 600 hectolitres de blé ; le plus ancien a été rempli le 23 novembre 1863 ; le grain qui s’en écoule lorsqu’on entrouvre le judas de prise parait irréprochable[1].

Une importante amélioration a été introduite dans la meunerie de la boulangerie Scipion, meunerie qui n’existe que depuis 1856, car avant cette époque l’administration achetait des farines et n’était point organisée pour moudre elle-même. M. Mége-Mouriès, étudiant le grain de blé au microscope, remarqua que, précisément au-dessous de l’écorce, existait une partie dure, résistante, grisâtre, particulièrement riche en azote et où se développe la germination. Cette portion très-nourrissante du blé était laissée adhérente au son et disparaissait, sans être utilisée pour la panification, avec les issues ordinaires. Grâce à un nouveau système de mouture et à l’emploi d’un mode de séparation fort ingénieux, la boulangerie centrale recueille aujourd’hui cette précieuse substance et la fait entrer dans la composition du pain. Si celui-ci acquiert de la sorte des qualités nutritives considérables, il faut reconnaître que l’aspect en est légèrement altéré, et qu’il n’offre point cette nuance d’un blanc jaunâtre qui parait fort appréciée des Parisiens : nuance que les boulangers obtiennent tous invariablement en mêlant à leur pâte de la farine de maïs, de la farine de féveroles et de la fécule de pommes de terre.

La boulangerie proprement dite est située au rez-de-

  1. La puissance germinative du blé semble se conserver indéfiniment ; des grains retrouvés dans des tombeaux égyptiens ayant plus de trois mille ans de date ont été semés et ont produit des épis d’une richesse remarquable.