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pour ses pauvres, pour ses malades, pour ses infirmes, pour ses vieillards ; mais si nous essayons d’apprécier l’œuvre de la charité privée, si nous tenons compte des sociétés de bienfaisance, des quêtes faites à domicile et dans les églises, des dons en argent et en nature qu’on laisse à la disposition des particuliers, si nous constatons que tous les ministères ont des fonds de secours assez abondamment pourvus, si nous cherchons à évaluer l’importance des aumônes personnelles, si nous disons qu’un banquier connu distribue parfois d’un seul coup trente mille bons d’un kilogramme de pain, si nous rappelons que l’administration des secours donnés sur la cassette impériale[1] reçoit chaque année une moyenne de soixante-treize mille demandes, dont la plupart sont accueillies favorablement, nous arriverons à cette conclusion, qui n’a rien d’excessif, que l’indigence parisienne absorbe annuellement plus de quarante millions : ce qui l’entretient peut-être au lieu de l’atténuer[2].

  1. La cassette impériale donnait, en moyenne, 10 000 francs d’aumônes par jour ; soit 3 650 000 francs par année.
  2. M. Armand Husson, qui fut longtemps directeur de l’Assistance publique et qui est mort, à Paris, en décembre 1874, avait bien voulu rendre compte de ce quatrième volume ; l’impartialité me fait un devoir de reproduire son appréciation sur la totalité des œuvres de la bienfaisance parisienne « M. Maxime Du Camp, cherchant à évaluer les ressources de toutes les charités, officielles ou non, qui s’appliquent au soulagement des misères parisiennes, en porte le total à 40 millions. C’est un chiffre exagéré. Les budgets réunis des Œuvres très-nombreuses de la bienfaisance particulière qui reçoivent des subventions de l’autorité publique (et ce sont les plus importantes) accusent des emplois qui dépassent à peine 4 millions. En ajoutant, pour les Sociétés peu notables qui ne participent pas aux subventions sur les fonds publics, pour les charités paroissiales et les petits dons manuels dus à la générosité des administrations et des particuliers, une somme de 3 millions, on trouverait une dépense totale de 30 millions tout au plus, consacrée à la bienfaisance dans la ville de Paris. » (Extrait du Journal des Débats, 26 avril 1875.)