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arriver à dégager ces nombreux desiderata ; j’en ai la preuve dans les encouragements dont elle a honoré les travaux du docteur Luys sur le système nerveux cérébro-spinal.

Croirait-on que dans un pays comme le nôtre, où plus de 50 000 aliénés sont traités dans les asiles publics, indépendamment de ceux que renferment les maisons de santé, de ceux qui ont été confiés à des congrégations religieuses, de ceux qui sont gardés à domicile, croirait-on qu’à l’École de médecine de Paris, à cette école qui, au temps de Richerand, de Broussais, de Roux, de Dupuytren, de Marjolin, d’Andral, a jeté des lumières dont le monde a été ébloui, il n’existe même pas un cours de pathologie mentale, et que cette science toute spéciale, si difficile et si complexe, est effleurée secondairement dans la chaire de pathologie générale !

Ici l’État peut et doit intervenir ; cet enseignement est à créer. On parle beaucoup actuellement de dépenses utiles, je signale celle-là ; il n’en est pas de plus indispensable, il n’en est pas de plus urgente. Il faut aussi consacrer un hôpital clinique au traitement des aliénés ; Sainte-Anne est admirablement disposé pour cet objet ; rien ne remplace ces leçons faites et, pour ainsi dire, démontrées au lit des malades, leçons fécondes en instruction précise, et sans lesquelles on n’acquiert jamais que la vaine expérience des théories plus ou moins bien comprises. On doit croire à la bonne volonté du gouvernement, on ne peut douter de celle de l’Assistance publique, car son existence même n’est qu’une expansion de bon vouloir ; avec leur concours et par leur accord, la science trouvera sans peine les moyens de pénétrer les secrets que la nature n’a pas encore révélés, et elle saura guérir le plus horrible des maux dont l’humanité est affligée, lorsqu’elle aura appris à en connaître l’origine organique.