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temps et qui était couverte de dessins dont j’aurais bien voulu pouvoir déchiffrer le sens mystérieux. Ils représentaient presque tous des têtes vues de profil ; du sommet du crâne de chacune d’elles s’élevait soit un fer de lance, soit une flamme, soit un petit drapeau. Il y a là, ce me semble, une indication précieuse pour les spécialistes, car ces images symbolisent la forme lancinante, brûlante ou vacillante que la douleur revêt, et marquent exactement le point où elle se produit.

Lorsque l’on met ces agités dans les bains que l’on prolonge parfois pendant plusieurs heures sans parvenir à les apaiser, il faut éviter qu’ils ne s’enfoncent la tête dans l’eau ou qu’ils ne s’échappent pour courir tout nus en vociférant. La baignoire est donc revêtue d’une sorte d’appareil nommé le bouclier, adhérant aux rebords et percé d’une échancrure semi-circulaire qui emboîte le cou du malade. Ainsi couverte, la baignoire ressemble à une boite oblongue d’où sort un visage effaré. À Sainte-Anne, les boucliers sont en forte toile ; ils sont excellents, car ils permettent de maintenir le malade, qui peut impunément pour lui y donner des coups de pied. On devrait en généraliser l’usage et supprimer pour toujours ces redoutables boucliers en tôle ou en cuivre dont on se sert encore à la Salpêtrière, et contre les parois desquels les folles se brisent les ongles, et parfois se luxent les pouces des pieds. Autant que possible, tous les instruments destinés à modérer la violence des mouvements chez les pensionnaires des asiles doivent être en étoffe très-souple, afin d’éviter les accidents causés par la résistance inflexible des corps durs. C’est l’antique prescription d’Arétée de Cappadoce et de Paul d’Égine ; pourquoi faut-il être obligé de la rappeler encore aujourd’hui ?

Il n’y a point d’aussi minutieuses précautions à prendre, ni de camisole de force à employer dans le quartier des