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et c’est en vain que Louis XVI aurait dit : « Je te touche. Dieu te guérisse ! »

Dans les jardins, des marchands avaient dressé des baraques où se tenait une foire perpétuelle ; « c’est un cloaque affreux, » disent Camus et la Rochefoucauld-Liancourt. Au centre même de l’hospice s’élevait une geôle divisée en quatre services distincts : le Commun, maison d’arrêt pour les filles publiques, — la Correction, réservée aux filles débauchées qui pouvaient revenir au bien, — la Prison, où l’on gardait les personnes arrêtées par ordre du roi, — la Grande-Force, destinée aux femmes flétries par la justice. Les malheureuses qui étaient détenues au mois de septembre 1792 ne furent point épargnées, le massacre fut plus régulier qu’à Bicêtre ; mais il n’en coûta pas moins la vie à trente-cinq victimes, qui toutes, il faut le dire, portaient sur l’épaule la lettre V, dont à cette époque on marquait les criminels condamnés pour vol[1].

Lorsque le conseil général des hospices prit possession de la Salpêtrière en 1802, on se mit rapidement à l’œuvre pour épurer cette maison gangrenée, rendre les détenus aux prisons, renvoyer les enfants, les filles-mères, les hommes mariés, et pour lui donner enfin le caractère exclusif d’un hospice consacré aux femmes vieilles, indigentes et infirmes. Cependant, malgré les réclamations du conseil général, on y conserva des divisions affectées au traitement des épileptiques et des aliénées. Voilà longtemps qu’on promet de les déplacer, mais il se passera sans doute encore bien des jours avant que la Salpêtrière en soit débarrassée.

La Salpêtrière a supporté, il y a peu d’années, un désastre considérable. Le choléra de 1832 n’avait pas frappé sur l’hospice avec une intensité trop vive ; il

  1. Voir Pièces justificatives, 7.