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ignore les origines de cet enfant, donnez-moi de l’argent, sinon je les dévoile. » Prise entre l’affection qu’elle éprouvait pour son fils adoptif et les requêtes perpétuelles du drôle qui la menaçait, la famille n’aurait su quel parti prendre si la préfecture de police n’était venue à son aide avec les excellents moyens officieux dont elle a le secret. L’enfant fut sauvé et put rester avec ses vrais parents, c’est-à-dire avec ceux qui l’avaient arraché à l’hospice : mais l’exemple porta fruit ; on voulut épargner de pareilles avanies aux bienfaiteurs, et maintenant on ne livre que des orphelins à l’adoption. De cette façon, on est certain d’éviter ces retours de tendresse trop intéressés pour n’être pas ignobles.

Les personnes qui s’adressent à l’Assistance pour obtenir un enfant appartiennent presque toutes à la classe des petits commerçants ; ce sont pour la plupart des boutiquiers du dixième ordre, qui de cette manière se procurent un apprenti, un commis, un garçon de magasin qu’ils n’ont point à payer. Parfois ce sont presque des indigents, qui, en adoptant un orphelin, font sonner bien haut leur prétendue bonne action, et s’en font un point d’appui pour assaillir l’administration de demandes de secours de toute nature. On ne se laisse point duper par de telles manœuvres que l’on déjoue facilement, car on fait des enquêtes très-sérieuses sur tout individu, sur toute famille qui exprime la volonté de choisir un enfant parmi les pupilles de l’Assistance. On pourrait quelquefois se croire revenu aux traditions de la couche, à l’époque où le trafic des enfants trouvés s’exerçait ouvertement. En 1867, une femme belge, assez jeune et jolie, vint tout simplement prier l’administration de lui remettre un enfant, fille ou garçon, peu importait, pourvu qu’il ne fût âgé que de quelques jours. Interrogée sur le mobile qui la poussait, elle répondit sans se troubler qu’elle était liée avec un vieil-