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avait pris d’elle dans la maison hospitalière qui l’avait recueillie, employa cette grosse somme à fonder une rente annuelle de 15 000 livres au profit de l’œuvre établie par saint Vincent de Paul. »

La Révolution, en annulant les privilèges sur lesquels était assise en grande partie la fortune des enfants abandonnés, se trouva en face de difficultés très-graves ; elle les envisagea avec calme et les accepta courageusement. Tous les hospices, tous les hôpitaux furent autorisés à recueillir les enfants trouvés, et le trésor national devait se charger des frais de leur entretien. La Constitution de 1791 proclame hautement pour la nation le devoir d’élever les enfants abandonnés ; la loi du 28 juin 1793 dit : « La nation se charge de l’éducation morale et physique des enfants trouvés ; ils seront désormais désignés sous le nom d’orphelins ; toute autre dénomination est interdite. » Mais, avec une grande habileté et pour diminuer les dépenses de l’État, la même loi promet des secours et « le secret le plus inviolable » aux filles-mères qui voudront allaiter leur enfant. Le 4 juillet 1793, on va plus loin, et l’on dépasse le but. À force de vouloir rompre avec le passé, qui imprimait une note d’infamie au fils illégitime, les législateurs de la Convention semblent donner un encouragement à la débauche, car la loi qu’ils édictent promet aux filles-mères que leurs enfants seront indistinctement adoptés, et qu’on les appellera désormais les enfants de la patrie. L’état misérable du Trésor ne permit pas à un tel projet de sortir du domaine de la théorie. Il y eut cependant un commencement d’exécution : par décret du 7 ventôse an II, les enfants de la patrie furent installés au Val-de-Grâce ; mais dès le 10 vendémiaire un nouveau décret les fit transporter dans les bâtiments de Port-Royal et dans ceux de l’institut de l’Oratoire. Les anciens hospices des Enfants-Trouvés formèrent ainsi deux sections : la