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les avaient acceptées les couchaient à Notre-Dame dans une sorte de vaste berceau où l’on jetait des aumônes. On les appelait « les pauvres enfants trouvés de Notre-Dame ». Le premier acte qui en fait spécialement mention porte la date du 2 septembre 1431 ; c’est le testament par lequel Isabeau de Bavière, qui devait avoir une commisération particulière pour les enfants abandonnés, leur laisse une somme de huit sols parisis.

Plus tard, au seizième siècle, les nourrices s’assoient devant la principale porte de la cathédrale sur une sorte de lit de camp garni de paille et, tenant leurs nourrissons entre les bras, sollicitent pour eux la générosité des passants. C’est vers cette époque qu’une première institution sérieuse[1] devint le point de départ du système qui, se complétant au fur et à mesure des progrès accomplis par la philosophie et l’économie politique, est devenu ce que nous le voyons aujourd’hui. En 1536, Marguerite de Valois, sœur de François Ier, ouvrit au Marais, près du Temple, dans la rue Portefoin, une maison spécialement destinée à recevoir les orphelins trouvés au parvis de Notre-Dame. On les appelait d’abord les « enfants-Dieu » ; mais la couleur de leur vêtement les fit surnommer « les enfants rou-

  1. Il y eut cependant une tentative antérieure, mais elle dégénéra promptement et ne rendit pas les services qu’on pouvait espérer. Vers 1362, à une des époques les plus lamentables de notre histoire, quelques âmes charitables s’émurent de voir le nombre d’orphelins qui encombraient les rues de Paris ; à leur prière, l’évêque Jean de Meulun autorisa la fondation de l’hôpital du Saint-Esprit sur un terrain attenant à l’Hôtel de Ville ; mais on n’y recevait que les enfants nés en légitime mariage ; les bâtards qui, plus que tous autres, sont exposés à l’abandon, étaient exclus ; le règlement, confirmé plus tard par lettres patentes de Charles VII, en 1445, est formel à cet égard. Les orphelins recueillis étaient pour la plupart voués à la vie religieuse. La maison du Saint-Esprit fut absorbée par l’hôpital général, ainsi que le prescrivirent des lettres royales du 23 mai 1679 ; à cette époque, elle abritait quarante garçons et soixante jeunes filles ; mais les conditions d’admission étaient très-restrictives ; les enfants ne devaient pas avoir plus de neuf ans et devaient être issus de père et mère morts à l’hôpital.