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À tout hôpital il faut des endroits réservés pour la promenade de malades ; c’est ce que l’on appelle les préaux. Ceux de l’Hôtel-Dieu sont nuls, ceux de La Riboisière trop étroits, dominés en partie par de hautes murailles et insuffisants ; les plus beaux sont ceux de Saint-Antoine, de Saint-Louis et de Necker. Un vaste espace couvert de grands arbres permet aux convalescents de se baigner dans les effluves d’un air vivifié. Les préaux de Necker surtout sont charmants : il y a des berceaux de clématites, de beaux gazons, des plates bandes de fleurs. Cet hôpital du reste est bien connu, il est presque célèbre dans la population parisienne. Ses hautes salles, son calme parfait, l’espèce de petit parc qui l’avoisine le font rechercher par les malades. Aussi les lits y sont-ils rarement libres, car c’est à qui demandera à y être admis.

Dans ces préaux, les malades qui sont en état de se lever se réunissent quand ils veulent, une fois que la visite médicale est terminée. Vêtus de leur longue houppelande, coiffés de l’affreux bonnet blanc, ils s’assoient au pied des marronniers, causent entre eux, jouent aux dames, aux dominos, et, s’ils ont quelques centimes, vont à la cantine acheter du tabac à fumer ou quelques unes des rares denrées dont la vente n’est pas interdite, mais dont le prix est tarifé par l’administration. C’est le concierge qui remplit les fonctions de cantinier, place fort enviée dans le monde des employés subalternes des hôpitaux, car elle rapporte de gros bénéfices. Dans certaines maisons, comme Beaujon, comme la Charité surtout, fréquentées par les domestiques du faubourg Saint-Honoré et du faubourg Saint-Germain, auxquels leurs maîtres envoient volontiers de l’argent, un cantinier gagne sans effort de 3 500 à 4 000 francs par an. On débite là aussi de menus objets, plumes et papier, aiguilles et coton pour les femmes : mais pourquoi