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les hôpitaux permanents et transitoires reçurent dans cette période, on arrive au chiffre vraiment excessif de 129 531 malades et blessés.

Qui croirait que de telles conjonctures devinrent presque un coup de fortune pour les hôpitaux ? Rien n’est plus vrai cependant. Les dons en nature et surtout en literie avaient été si particulièrement abondants qu’on put, une fois la crise passée, donner deux matelas à tous les lits, qui réglementairement n’en possédaient qu’un ; en outre, on eut une réserve considérable qui permit de distribuer des couchettes aux indigents à domicile. Ce grand désastre fut donc une source d’améliorations pour notre ameublement hospitalier et d’enrichissement pour les pauvres. Du reste, les souverains alliés rendirent justice au zèle et au dévouement dont le conseil des hospices avait donné tant de preuves, et ils le firent solennellement remercier[1].

Dix-huit ans plus tard, en 1852, de nouveaux devoirs, moins douloureux peut-être, mais plus terribles par la nature mystérieuse du mal qui les imposait, vinrent accabler le conseil des hospices. Ce n’étaient pas cette fois des armées ennemies qui envahissaient notre capitale, c’était une maladie étrange, presque inconnue, tant elle avait été rare dans notre pays, et qui fondit tout à coup sur Paris avec une violence inouïe. Le choléra avait ravagé la Russie et la Pologne, mais rien ne faisait présager que nous serions assaillis par lui, lorsque, le 13 mars, le bruit se répandit qu’un portier de la rue des Lombards venait d’être frappé

  1. Pendant la période d’investissement 1870-1871, nos hôpitaux n’ont point chômé ; j’ignore le nombre de blessés qui y ont été admis, mais je sais que le total de ceux-ci a fourni 398 037 journées d’hôpital. Malgré le caractère d’ambulances militaires dont ils étaient revêtus par les circonstances mêmes, ils n’ont point trouvé grâce devant les batteries allemandes : Necker, les Enfants malades, la Pitié, Cochin, la Maison d’accouchement, Lourcine, le Midi ont reçu des obus, de même que la Salpêtriére, les Incurables à Ivry et les Ménages à Issy.