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ment et pour toujours consacré aux malades. S’il était encore ouvert aux étrangers, c’était seulement lorsqu’ils étaient blessés ou souffrants. Il devint ainsi et resta l’infirmerie centrale du peuple de Paris. La religion, la royauté le prirent sous leur protection immédiate ; on lui accorda des privilèges, des dotations, on lui fit des legs, on l’enrichit à l’envi. Dès lors il ouvrit ses portes à tous les infirmes de la grande ville, et parfois on peut être surpris de la qualité des personnes qui lui demandèrent un abri, car en 1793 il reçut et vit mourir sur l’un de ses grabats la trente-septième et dernière abbesse de Fontevrault, Julie-Sophie-Gillette de Gondrin de Pardaillan d’Antin, descendante directe du seul fils légitime de Mme de Montespan.

Lorsqu’on visite les hôpitaux de Paris, qu’on remarque les parquets cirés, les rideaux blancs tendus devant les larges fenêtres, les lits séparés les uns des autres et munis de tous les ustensiles indispensables, lorsqu’on voit les religieuses proprettes glisser comme des ombres bienfaisantes à travers les vastes salles bien éclairées, lorsqu’on sait que les hommes les plus illustres parmi les médecins et les chirurgiens tiennent à honneur de soigner les malades, lorsqu’on parcourt les énormes cuisines, les caves immenses, la pharmacie toujours en action, la lingerie regorgeant de linge, il est difficile de se figurer ce qu’ils étaient autrefois, avant que des administrations régulièrement constituées, contrôlées et surveillées en eussent pris la direction.

Le plus ancien monument plastique figurant une scène d’hôpital que nous possédions appartient aux archives de l’Assistance publique ; c’est un manuscrit sur vélin intitulé le Livre de la Vie active, datant du quinzième siècle et exécuté aux frais de maître Jehan Henry, conseiller du roi, président en la chambre des