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être forcé, de s’intituler aussi : « malade de la reine, par la grâce de Dieu. »

Il est rare que les femmes se présentent sans porter quelque enfant sur les bras, car si elles savent que c’est un victorieux moyen d’attendrissement, elles ignorent que le caissier ne fait que payer selon l’ordonnancement approuvé et qu’il ne peut, sous aucun prétexte, modifier les instructions qui lui sont transmises. La figure la plus déconvenue est celle des maris ou autres qui viennent chercher un secours d’accouchée, au lieu et place de leur femme retenue au lit. Lorsqu’on leur donne quelque argent, tout va bien, la face se déride et les yeux sourient ; mais quand sur la planchette du guichet ils ne voient apparaître que le paquet qui contient une layette[1], ils hochent la tête d’un air de mauvaise humeur, grommellent quelques paroles à voix basse, et parfois même disent en grognant : « Eh bien, c’est tout ? »

Fort heureusement, la loi du 24 vendémiaire an II a fixé le domicile de secours, c’est-à dire a déterminé à qui incombait le soin de subvenir aux besoins des indigents et des malades ; sans cela, la province dégorgerait tous ses pauvres sur Paris, qui serait promptement converti en maladrerie centrale de toute la France. Il faut un séjour d’une année pour avoir droit à l’assistance de la commune que l’on habite ; mais c’est là une prescription générale qui n’a rien d’absolu, une règle léonine que mille circonstances particulières font éluder. On peut affirmer qu’à Paris l’on tient compte, avant tout, des conditions où l’individu qui sollicite se trouve placé. S’il est véritablement en péril, si la misère qui

  1. Les layettes distribuées par l’Assistance ne sont cependant point à dédaigner ; chacune d’elles se compose de : 1 lange de laine, 2 langes de coton, 6 couches neuves, 2 couches vieilles, 4 béguins en calicot, 4 fichus, 4 chemises, 2 bonnets d’indienne, 2 brassières d’indienne.