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le médecin est formulée sur une feuille imprimée, divisée en deux parties, car, selon les médicaments prescrits, elle doit être portée à la pharmacie de la maison de secours ou à un des apothicaires de Paris ; trente-sept substances, considérées comme dangereuses ou offrant des difficultés reconnues de manipulation, sont réservées exclusivement à ceux-ci ; les autres sont fournies par les Sœurs de Charité, à qui une longue pratique a enseigné toutes les recettes du formulaire.

Ces excellentes femmes s’agitent silencieusement dans leur pharmacie proprette, manient les bocaux, font les dosages, préparent les drogues, roulent les pilules avec un aplomb charmant ; d’un coup d’œil elles lisent l’ordonnance souvent hiéroglyphique, en deux tours de main elles ont préparé le médicament demandé, elles l’ont enveloppé dans un papier ; par le petit judas ouvert sur la salle d’attente, elles le passent au malade qui l’attend et qui, presque toujours, trouve « qu’il n’y en a pas assez « . Quelques-unes de ces pharmacies possèdent, sans peut-être s’en douter, des richesses qui seraient fort appréciées à l’hôtel des commissaires-priseurs : elles ont hérité, à la fin du siècle dernier, des drogueries des couvents supprimés par la Révolution, et elles gardent des pots, des vases, des buires en faïence de Delft, de Rouen, de Haguenau, de Nevers, qui feraient pâmer d’aise plus d’un amateur de bric-à-brac. Reléguées sur les armoires en chêne, ces potiches servent à décorer la pièce, aux murailles de laquelle on a accroché un crucifix et le portrait de saint Vincent de Paul. Le va-et-vient dans les maisons de secours est incessant. Pour les quartiers populeux, c’est l’endroit connu et respecté où l’on s’empresse d’accourir aussitôt qu’un accident est arrivé, qu’un malheur est découvert, qu’une infortune se fait jour. On sait que là on peut venir en toute confiance, que les formalités