Page:Du Camp - Paris, tome 4.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion, obligée de faire les achats de matière première en province, d’y réexpédier le fil, afin qu’il fût tissé, et de faire revenir la toile. Si l’on a conservé longtemps cette institution qui, à l’époque de sa création, n’avait qu’un caractère provisoire, c’était pour avoir un motif, ou plutôt un prétexte d’aider des femmes malheureuses ; celles-ci, dans les derniers jours de la filature, étaient au nombre d’environ 600, qui toutes ont trouvé place dans des hospices ou dans des maisons de refuge.

Les bâtiments assez amples, mais à demi ruinés, servaient de magasin pour un certain nombre d’objets, principalement pour la literie ; les autres réserves étaient distribuées au hasard de la place disponible dans les divers hôpitaux de Paris. Ce système était défectueux, contraire à nos habitudes de centralisation ; il rendait la surveillance difficile et le contrôle illusoire. Le magasin central remédie à tous ces inconvénients ; il se compose de plusieurs corps de bâtiment, isolés, très-bien construits, d’un aspect qui n’est point déplaisant, aménagés d’une façon supérieure et qui renferment tous les objets, toutes les denrées que le temps n’altère pas et dont l’Assistance publique fait usage. Tout est fourni par adjudication sur un modèle expérimenté et déposé, auquel le vendeur doit se conformer impérieusement sous peine de voir sa marchandise refusée lui rester pour compte. Chaque pavillon a une affectation particulière : ici, les huiles, les légumes secs, les instruments de propreté, brosses, balais, têtes-de-loup et plumeaux ; là, les meubles, lits, tabourets, tables et chaises ; ailleurs, la vaisselle, dont la diversité dénonce, au premier coup d’œil, la destination différente : si les bols en étain, la grosse poterie, sont réservés pour les hôpitaux, les soupières en porcelaine, les carafes de cristal, les huiliers à double flacon, les salières taillées, sont gardées pour les hospices où l’on