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veillerait le lendemain, ils ne vécurent que d’abus, rançonnèrent leurs commettants et arrivèrent à exiger d’eux des droits de commission exorbitants, s’élevant parfois à 5 et 6 pour 100. Un tel état de choses portait un trop vif préjudice à l’approvisionnement de Paris pour qu’on le laissât subsister ; aussi, dès les premières années du Consulat, une série d’ordonnances promulguées entre l’an VIII et l’an XII crée, sous le nom de facteurs, des intermédiaires responsables pour les différentes ventes se rapportant à l’alimentation publique. En même temps qu’on organisait ces fonctionnaires, on instituait auprès d’eux des agents spécialement chargés de surveiller, contrôler et vérifier leurs opérations. Ces mesures produisirent un résultat immédiat. En six mois, les envois et les ventes avaient quintuplé sur les halles de Paris.

Aujourd’hui ce service est remarquablement organisé et fonctionne avec une régularité irréprochable. Le contrôle permanent auquel il est soumis est assez ingénieux et assez complet pour qu’on puisse affirmer, sans craindre d’être démenti par les faits, que toute fraude est devenue impossible. Cinquante-cinq facteurs sont chargés de la vente des denrées alimentaires ; tous, ils ont versé un cautionnement proportionné à leurs opérations. Ils reçoivent les expéditions, vendent à la criée ou à l’amiable ; envoient à leurs commettants, à moins d’arrangements contraires, le produit des ventes aussitôt qu’elles sont terminées, stimulent la production des objets demandés, retiennent les droits municipaux, qu’ils versent tous les dix jours entre les mains des percepteurs de la préfecture de la Seine. Ils ont une clientèle de producteurs, non-seulement en province, mais à l’étranger, avec lesquels ils sont en rapport constant, les tenant au courant du prix des marchandises, des besoins exceptionnels, de la probabilité des bénéfices et des