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avec elle si on la brisait violemment, et les auteurs d’un tel crime seraient les premiers à mourir de faim sur les ruines qu’ils auraient faites.

Il n’y a rien de semblable à craindre, et en admettant qu’une révolution soit encore possible, elle n’atteindrait pas plus la Banque que 1830 ou 1848 ne l’ont atteinte ; elle est et elle restera l’exemple d’un établissement qui a pu traverser sans péril des crises que l’on croyait mortelles, que le cours forcé de ses billets a popularisé, et qui, par la moralité, par la prudence avec laquelle il est conduit, par l’excellent mécanisme du gouvernement constitutionnel qui dirige ses destinées, est devenu pour le crédit public un organe d’une puissance unique au monde.

Appendice.Ce chapitre a été écrit au mois de janvier 1869 et rien, malgré la guerre, malgré la Commune, n’est venu démentir nos prévisions. Que sont les événements de 1830 et de 1848 en comparaison de ceux qui ont assailli la Banque ? Elle existe cependant et jamais ses opérations n’ont été plus multiples ni plus larges. Elle est restée inébranlable au milieu de nos désastres, et elle — elle seule — a sauvé le crédit de la France. Sans fausser l’esprit de sa constitution, elle est venue au secours du pays avec un dévouement et une générosité dont chacun doit être reconnaissant. Partant de ce principe qu’elle fait l’escompte des effets offrant de sérieuses garanties, elle a simplement escompté le papier de l’État ; loin de s’effarer et de fermer ses coffres, elle les a tenus tous grands ouverts ; la France appauvrie, devenue suspecte à force d’infortune, y a trouvé les ressources qui lui étaient indispensables et y a puisé 1 610 millions. Le cours forcé des billets, décrété aussitôt après la déclaration de guerre, loin d’amoindrir son influence, a prouvé, une fois de plus, l’ampleur et la solidité de cette admirable institution.

Lorsque, après le 18 Mars, le gouvernement eut quitté Paris et se fut réfugié à Versailles, il fouilla dans sa bourse et y trouva dix millions ; une pareille somme était misérable, en présence des éventualités terribles qui se dressaient de toutes parts ? Le gouverneur de la Banque — grâce au ciel — était aussi à Versailles, et l’on s’adressa à lui. On ne devait pas songer à l’administration