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voleur, le dernier agent de police, le dernier toupinier ont quitté la galerie, on ferme les portes ; mais cependant tout n’est pas fini, loin de là. Il faut régler les bordereaux, voir s’ils concordent entre eux, relever les erreurs, compter les billets de banque et peser l’or. Chaque escouade fait ce travail, qui est long et méticuleux, sous la direction de son brigadier. Lorsqu’on s’est mis d’accord, l’argent est porté à une caisse, les billets à une autre ; tout est vérifié de nouveau et transmis à la caisse principale. On peut croire que tout alors est terminé ; mais il faut préparer l’échéance du lendemain et distribuer à chaque homme les effets qu’il devra présenter. C’est ainsi que parfois, lorsque les échéances ont été lourdes, la galerie est encore éclairée à deux, à trois heures du matin, et que les habits gris, ainsi que les garçons de recette s’appellent entre eux, sont occupés autour de leur petite lampe à faire des calculs et à pointer des chiffres. Chaque jour suffit à sa tâche ; quand cette besogne a pris fin, les garçons ont mérité d’aller dormir.

Tout n’est pas rose dans leur métier, car ils sont responsables de l’argent qu’ils ont à recevoir, et ils sont obligés d’opérer avec une telle rapidité que leurs erreurs sont fréquentes. Dans les premiers temps qu’ils sont au service de la Banque, les garçons font école sur école ; on a beau ne leur donner ni corvées, ni gardes, ni veillées à faire, les laisser exclusivement se consacrer à la recette, il est rare que leur apprentissage ne leur coûte fort cher, et lorsque au bout de l’année ils alignent leur compte, ils s’aperçoivent avec stupeur qu’ils ont perdu plus qu’ils n’ont gagné. Il faut rembourser ; c’est une grosse affaire, bien pesante ; ils payent par tempérament, tant par mois qu’on retient sur leurs appointements ; peu à peu ils s’y font, prennent l’habitude de bien compter, plutôt deux fois qu’une, et finissent par