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saire nommé par le gouverneur et qui toute l’année habite le bâtiment d’exploitation. Le papier est fabriqué sur des formes, sur des tamis, comme on disait jadis, à la main et feuille par feuille. Chacune de ces feuilles représente un billet et contient à l’intérieur un filigrane visible par transparence et qui varie selon la coupure du billet.

Les feuilles sont étudiées une à une au triple point de vue de la solidité, de la dimension, de la pureté ; toutes celles qui laissent apercevoir une imperfection sont dites cassées et réservées au pilon ; la proportion des rejets est en moyenne de 60 pour 100. Le papier reconnu bon est divisé en rames de 500 feuilles qui sont ficelées séparément, renfermées dans une caisse de fer dont une double clef est à la Banque, scellées du cachet du commissaire et expédiées à Paris, à l’hôtel de la rue de la Vrillière. Le conseil de régence délègue un comité spécial pour recevoir le papier, qui est examiné scrupuleusement de nouveau, et, après procès-verbal, remis au secrétaire général et au contrôleur général, puis enfermé dans une caisse manœuvrant à deux clefs qui restent entre les mains des dépositaires. Il faut donc le concours de deux personnes pour ouvrir les énormes serrures derrières lesquelles le papier attend l’heure où il recevra les signes qui en font la valeur.

Lorsque la quantité de billets rentrés et reconnus hors de service fait sentir la nécessité d’en émettre de nouveaux, le gouverneur avise le conseil général et lui demande l’autorisation de créer des billets. Le conseil détermine alors le nombre d’alphabets, la date qui leur sera assignée et les diverses coupures. Deux alphabets ne portent jamais la même date. Si, par exemple, dans la séance du 15 février 1869, le conseil a arrêté qu’on émettrait trois nouveaux alphabets de 1 000 francs, le premier sera daté du 15 février, le second du 16 février,