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doivent être employés au contrôle de l’or ou de l’argent, selon qu’ils constatent des titres variés, ils diffèrent l’un de l’autre, et représentent la tête d’un médecin grec, de Minerve, d’un aigle, d’un cheval, d’un sanglier, d’un rhinocéros, de Mercure, d’un dogue, d’une girafe, un grand, un petit charançon, un crabe, une chimère ; un chiffre disposé de telle ou telle manière indique que le métal est plus ou moins pur.

Cela ne suffisait pas encore ; un poinçon, si habilement gravé qu’il soit, peut, étant toujours le même, être reproduit. Il fallait donc trouver pour la garantie une marque qui, se modifiant pour ainsi dire elle-même, donnât une empreinte toujours diverse et qui cependant fit partie d’un tout invariable. Ce résultat est obtenu par la bigorne, petite enclume qui a deux pointes, deux cornes, ainsi que le nom l’indique. La corne la plus grande est plate et offre un développement de 22 millimètres de longueur, de 11 dans la plus grande largeur et de 4 à l’extrémité ; la plus petite corne, qui est ronde, a 14 millimètres de long, le talon est de 7 et la pointe de 3. Eh bien, sur cette surface étroite, on peut faire un cours d’entomologie, car la première porte 21 rangées d’insectes, la seconde 17, et chacune de ces catégories différentes est isolée par une bande en zigzag où se déroule une inscription[1]. Il est superflu de dire que ce travail, qui a duré trois ans, a été fait au microscope, et que l’artiste qui a produit un tel chef-d’œuvre de patience a failli y perdre la vue. Lorsque, armé d’une forte loupe, on regarde attentivement ces sauterelles, ces cicindèles, ces frelons, ces fourmis, ces libellules, dont les ailes, les pattes, les antennes, les articulations du

  1. Une de ces bigornes ayant été volée en 1846 par un employé du bureau de la garantie, M. Barre père dut modifier le type primitif en ajoutant des ornements aux bandes de séparation, qui antérieurement étaient lisses.