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l’apepsie, de l’apepsie dans la lienterie, de la lienterie dans la dyssenterie, de la dyssenterie dans l’hydropisie et de l’hydropisie dans la privation de la vie, où nous aura conduit notre folie ! » Le diable n’est peut-être pas aussi noir qu’il en a l’air.

L’habitude du tabac est inutile, souvent désagréable, il vaut mieux ne pas l’avoir ; mais entre cela et les conséquences qu’on veut en tirer il y a loin. L’abus, de sa nature, est pernicieux en cette matière, comme en toute autre ; il y a longtemps qu’une vieille chanson a dit : « L’excès en tout est un défaut. » Il est certain que, si l’on fume incessamment dans des pipes de terre sales et trop courtes, on peut être attaqué par de petits cancers à la langue, mais c’est à peu près à ce seul effet que se bornent les constatations de la science dénuées d’hypothèses. Sans partager l’opinion de Pauli, le docteur italien, qui disait sérieusement que le crâne des fumeurs devient noir, il est facile encore aujourd’hui de soutenir que le tabac est mortel. C’est un thème comme un autre, et on peut acquérir quelque importance en s’en faisant l’auteur ; mais il ne faut pas pousser les choses à l’extrême, sous peine de n’être pas écouté. Un procès criminel, qui eut un grand retentissement en 1851, attira tout à coup l’attention du public sur la nicotine, alcali organique composé de carbone, d’hydrogène et d’azote, découvert en 1829 par Reimann et Posselt, et qui est un poison des plus violents. Or, nul ne l’ignore, la nicotine est fournie par les feuilles de tabac. Rien ne serait plus aisé que d’établir une proportion qui, sous une apparence de réalité, cacherait une conclusion fausse.

Il est positif qu’un cigare, un londres par exemple, contient une quantité de nicotine qui, extraite et traitée chimiquement, peut produire la mort d’un homme. On pourrait donc dire : tout homme qui fume un cigare