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originairement de l’Amérique du Nord et ensuite de la Havane. Cette culture donne lieu à une surveillance qu’on n’imagine guère et à une comptabilité des plus détaillées. On enregistre non-seulement le nombre de pieds de tabac poussés dans un champ dont la contenance est exactement connue, mais encore le nombre de feuilles de chaque tige. Elles sont l’objet de soins tout particuliers, et jamais orchidée unique fleurissant dans la serre d’un millionnaire n’a été entourée de précautions plus subtiles. On les visite le jour et la nuit pour en écarter les chenilles, les loches et les colimaçons. Une à une, selon le degré de maturité qu’elles présentent, elles sont cueillies, puis suspendues dans des séchoirs largement aérés, où elles se dessèchent lentement sous l’influence de l’air ambiant.

Les cultivateurs ne peuvent employer les graines de leur choix ; chaque année on leur remet ce qui est nécessaire à leur semis, car l’étude et l’expérience ont là encore fourni des indications précieuses et prouvé que certains tabacs prospèrent dans tel terrain et dépérissent dans tel autre. Il faut environ dix-huit mois pour qu’une récolte rentrée, séchée, pliée, soit mise en balles et expédiée dans un des magasins qui sont disséminés sur notre territoire, à portée des centres producteurs. Là, ils sont gardés dans des conditions atmosphériques qu’on a reconnues propres à n’enlever au tabac aucune qualité essentielle. Les agents chargés de surveiller la culture et de diriger le travail des magasins sont au nombre de 524. Les magasins conservent les tabacs bruts et les expédient aux manufactures selon les besoins de ces dernières.

Quand le tabac a été fabriqué, il est envoyé à des entrepôts où les débitants au détail vont s’approvisionner. La culture, les magasins, les manufactures, appartiennent à la direction générale ; les entrepôts et