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fermeture qui a lieu à six heures en été et à cinq en hiver, la moitié des employés passe une inspection générale dans tous les magasins, afin de bien s’assurer qu’il n’existe nulle chance de sinistre. Aussi, malgré les avantages tout particuliers qu’elles offrent aux entrepositaires, les compagnies d’assurances contre l’incendie ne font là que des affaires assez restreintes.

Nulle pièce de liquide ne peut être conduite hors de l’Entrepôt sans avoir été visitée par les agents de l’octroi, et il doit en être ainsi, puisque les droits ne s’acquittent qu’à la sortie. Une déclaration signée par le marchand est confiée au voiturier, qui la remet aux préposés de service à la grille spécialement désignée pour l’expédition. Si la pièce contient du vin, on la jauge à l’aide d’un bâton gradué, qu’on nomme le bâton d’octroi, et qui donne une appréciation assez juste ; de plus, pour s’assurer que le liquide ne contient pas plus des 18 degrés d’alcool déterminés par les règlements, on le goûte. C’est là le côté vraiment pénible du métier, et l’on ne comprend pas comment ces agents peuvent résister à cette perpétuelle et insupportable dégustation. Devant leur corps de garde, à l’endroit où les baquets s’arrêtent, le pavé est violâtre et exhale une insupportable odeur de lie de vin. Si le tonneau renferme de l’alcool, on en prend une certaine quantité qu’on expérimente à l’aide de l’alcoomètre, qui permet de reconnaître immédiatement quel est le nombre de degrés de la liqueur. Tout liquide qui contient plus de 18 centièmes d’alcool, acquitte les droits imposés aux trois-six.

Lorsqu’il y a discussion entre les employés de l’octroi et l’entrepositaire expéditeur sur la contenance d’une futaille, on a recours au dépotoir, instrument de précision qui prononce en dernier ressort, car il est combiné de façon à être infaillible. C’est une série de vingt et une cuves cylindriques en cuivre étamé ; chacune d’elles