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tyrannie gigantesque, armée de pied en cap, pour frapper à coups redoublés ; et les assommer en brutes sans sentiments et sans âmes. Eh, de quoi s’avisent ces despotes français de rendre leurs colons heureux ; vive la liberté qui n’en fait que des esclaves ! Ici c’est le général Haldimand, au moins, qui parle.

Ici la satisfaction publique s’attend à la manifestation de faits éclatants, capables de justifier, de pratique, la véhémence de mes inculpations de théorie. Cette attente est de sagesse d’esprit, et d’équité de cœur : c’est à la satisfaire que j’ai consacré d’avance le long cours de ma captivité : je n’en ai pas consumé les moments à des spéculations vagues, d’une philosophie infructueuse et d’idée, ni à des rêves non digérés d’une vengeance mal combinée ; non, mes yeux tous ouverts, je veillai à l’administration du général Haldimand ; et mon journal a recueilli et compilé des matériaux suffisants pour former deux volumes in quarto de 600 pages chaque. Par quadruplicata, j’avais soin de dépêcher aux secrétaires d’État, par lambeaux, les évènements aux moments de leur avènement ; car je savais que l’histoire des tyrans n’est jamais courte, si non par la durée de leur règne, (casualité selon le génie des peuples) du moins par la reproduction toujours renaissante de leurs tyrannies : et pour le triomphe de l’information, je ne devais ni embrouiller les matières par leur multitude, ni surcharger en bloc de lectures des hommes