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Par estrangers courtisans
Brouillèrent nostre langage
Adoncques la purité
De sa douce gravité
Se pourra trouver ici.
Du Grec la veine féconde
Et la Romaine faconde
Revivent encor ainsi.
Quel esprit tant sourcilleux
Contemplant la Thcbaïde
Ou le discours merveilleux
De l’immortelle Enéide,
Se plaint, que de ces authcurs
Les poèmes sont menteurs ?
Ainsi l’Aveugle divin
Nous fait voir sous feint ouvrage
D’un guerrier le fort courage,
Et l’esprit d’un homme fin.
Des poétiques esprits
L’utile et douce cscriture
Comprend ce qui est compris
Au ciel et en la nature,
Les Rois sont les argumens
De leurs divins monumens
Et si nous monstrent encor
Le beau, l’honneste, l’utile,
Avec un plus docte stile
Que Chrysippe ne Crantor
Mais je souhaite souvent
D’estre banny jusqu’au More,
Ou que la fureur du vent
Me pousse jusqu’à l’Aurore,
Quand j’oy bruire quelquefois
Du peuple l’indocte voix,
Ou quand j’escoute les cris
De ces pourceaux d’Epicure,
Qui en despit de Mercure
Grongnent aux doctes cscrits
L’un plaint la contagion
De la jeunesse abusée :
L’autre la religion