gne ? Les dépenses s’élèveraient à vingt-cinq millions par jour.
Or, quel est le but d’une guerre, c’est de démoraliser l’armée ennemie. C’est Gouvion-Saint-Cyr, il me semble, qui a dit : « Celui qui a perdu la bataille est celui qui croit l’avoir perdue. »
Le moulin, la colline, la redoute que l’on se dispute à coups de canon en versant des flots de sang n’ont, la plupart du temps, aucune importance par eux-mêmes. Leur occupation signifie que la poussée en avant a été plus forte d’un côté que de l’autre. La Ferme de la Belle Alliance et la Haie sainte pour lesquelles on s’est battu furieusement le jour de Waterloo, sont tout à fait voisines.
C’est l’effet moral qui est tout. Or, il est incontestable que le moral de la France a été plus atteint par la campagne Dreyfus qu’il ne l’aurait été par une bataille perdue.
Après une défaite, en effet, le souvenir des actes héroïques accomplis pendant la lutte, le désir de venger les morts maintiennent un pays dans une sorte d’exaltation généreuse… Que reste-t-il après ces deux années où l’on a vu les meilleurs généraux traînés dans la boue, nos officiers traités de faussaires, des hommes comme Zurlinden, comme Négrier, comme Pellieux, chassés de l’armée ou frappés de disgrâces qui leur ôtent toute autorité ?