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et d’en répandre l’idée, d’habituer les esprits à la recevoir, les volontés à la désirer ? L’idée, le vouloir, l’action diffèrent de degré plus que de nature. Ce sont trois anneaux de la même chaîne et l’on passe souvent insensiblement de l’un à l’autre : une manière de penser devient une manière d’agir.

Saluons donc comme une première et heureuse influence de cette doctrine de la solidarité le développement croissant des sociétés qui ont la mutualité ou la coopération pour base. L’avenir de la paix sociale est peut-être là ; l’élan est donné, il faut l’entretenir et chercher des applications de plus en plus nombreuses de ce véritable contrat social qui fait naître du libre concert des efforts une force supérieure.


La plaine est grande, le blé haut,
Et la saison courte, ô familles !
Unissez toutes les faucilles,
Et vous engrangerez plus tôt.


Enfin, et pour terminer, je dirai qu’on ne peut considérer comme indifférente ou dangereuse une philosophie qui reconnaît que si la solidarité assure la persistance du progrès, c’est l’effort individuel qui le crée.

On a distingué, en parcourant de haut l’histoire de la civilisation, des âges de discipline, durant lesquels l’homme reste immobilisé dans la tradition, et des âges de discussion où il secoue le poids du passé et, affranchi de règles séculaires, cherche dans la fièvre de son indépendance les lois qu’il se donnera.

Au demeurant, et pendant le court espace de temps que nos regards peuvent embrasser d’un seul coup,