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sorte en étapes caractéristiques, résultantes d’événements plus ou moins lointains et indépendants de nous, qui réagissent à leur tour sur le reste de l’existence.

Et ce que l’on dit moins souvent de cette solidarité morale, parce qu’elle demande, pour apparaître, une certaine réflexion philosophique, ne le voit-on pas tous les jours dans l’ordre des aptitudes physiques, de leur atrophie ou de leur développement, des fonctions de l’organisme et des actions réciproques de ses diverses parties ?

Si, maintenant, nous prenons l’homme dans son milieu naturel, la société, nous y trouvons, en quelque sorte renforcée et accrue, cette solidarité, morale et physique, actuelle ou historique, que nous le considérions dans l’un ou dans l’autre des groupements auxquels il appartient : la Famille, l’Association économique, l’État, l’Église. L’histoire est pleine de faits qui vérifient l’exactitude de cette règle.

Aussi, les sociétés, plus encore que les individus, se lient par chaque acte de leur histoire. Si grande qu’on doive faire, dans tel cas donné, la part des causes libres, c’est-à-dire des initiatives impossibles à prévoir, il n’y a pas de fait historique qui soit à ce point le produit d’une génération spontanée qu’on se croie dispensé d’en chercher et qu’on ne puisse en trouver l’origine dans les phénomènes antérieurs. Comme on l’a dit en une phrase concise : « Le tombeau du mort, c’est le vivant ».

Dans un autre domaine de découvertes plus modernes, l’économie politique ne se lasse pas de vanter cette admirable solidarité qui répartit les forces humaines dans chaque branche de l’industrie ou du commerce ;