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LETTRES D’UN INNOCENT

enfants les forces nécessaires pour résister à mon calvaire.

Apporte-moi aussi ton portrait. Je le placerai entre ceux de nos chéris. En contemplant ces trois figures, j’y lirai chaque jour, à chaque instant, mon devoir.

Embrasse tout le monde de ma part.

Alfred Dreyfus.

Remercie ta sœur Alice de son excellente lettre qui m’a fait bien plaisir. Donne aussi de mes nouvelles à tous les membres de la famille auxquels je ne puis écrire. Dis-leur que leurs lettres sont toujours les bienvenues.

Je t’embrasse bien, bien fort,

Alfred.
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7 heures et demie, soir.

Je n’ai reçu aujourd’hui ni lettre de toi, ni lettre de personne. Ont-elles été arrêtées en route ? Quoi qu’il en soit, je n’ai pas eu aujourd’hui le seul rayon de soleil qui vienne égayer ma prison.

P.-S. — Au moment de me coucher, on me remet un paquet de lettres que je vais savourer avec délices.

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Le 11 janvier 1895.
(Jeudi 5 heures, soir)
Ma chérie,

Merci de tes deux dernières lettres (l’une de mardi soir, l’autre, je pense, de mercredi matin), que l’on vient de me remettre.