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LETTRES D’UN INNOCENT

j’espère revoir bientôt et auprès de laquelle j’attendrai patiemment qu’on me rende ce que j’ai de plus cher en ce monde, mon honneur, mon honneur qui n’a jamais failli.

Embrasse tout le monde pour moi. Baisers aux chéris.

Je t’embrasse mille fois,

Alfred.

Comme j’attends vendredi avec impatience ! Quel dommage que tu ne sois pas venue aujourd’hui à une heure autre que celle du déjeuner du Directeur ; peut-être t’aurait-on permis de m’embrasser.

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Mardi, 7 heures du soir.

On vient de me remettre tout un paquet de lettres — de Jeanmaire, de ton père, de Louise, les tiennes. Merci à tout le monde. Elles m’ont fait pleurer, mais ont détendu mon âme ulcérée.

Réponds à tout le monde pour moi.

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9 janvier 1895, mercredi 5 heures.
Ma bonne chérie,

Je reçois également tes lettres avec un grand retard. Ainsi on me remet seulement ta lettre de mardi matin ; il y était joint de nombreuses lettres de toute la famille. Que veux-tu, ma chérie, il faut nous incliner et souffrir en silence.

Vraiment, quand j’y pense encore, je me demande comment j’ai pu avoir le courage de te promettre de vivre après ma condamnation. Cette journée de